Plusieurs tendances nous frappent à la lecture du Rapport sur le développement des prestations chinoises clés en main à l’étranger 中国对外承包工程发展报告pour la période 2016-2017 qui a été rendu public le 23 mai 2017.

Ce que l’on note d’emblée, c’est la priorité accordée aux nouvelles routes de la soie. Antérieurement, ces rapports commençaient toujours par rappeler l’importance de l’Asie comme marché. Désormais se sont les pays le long des nouvelles routes de la soie (“一带一路”沿线国家, donc exclusion faite des pays européens les plus développés) qui tiennent le haut du pavé. De fait, la valeur des contrats concernant ces pays et achevés en 2016 s’est élevée à 76 milliards de dollars, soit quasiment la moitié des contrats achevés par la Chine à travers le monde cette même année (159 milliards de dollars). Alors que la croissance moyenne de la valeur des chantiers achevés a été de 3,5%, le long des nouvelles routes de la soie, cette croissance a été de 9,7%. Si nous nous regardons la valeur des contrats nouvellement signés, plus de la moitié (51,6%) concerne des pays le long des nouvelles routes de la soie, soit une croissance de 36% à comparer à une croissance moyenne de 16%.

Par voie de conséquence la place de l’Afrique en subit le contrecoup en valeur relative : la part des contrats africains achevés est passée de 37% du total en 2014 à 32% en 2016. Cette diminution pourrait être considérée comme purement conjoncturelle si elle ne s’accompagnait d’une diminution en valeur absolue (-5% entre 2015 et 2016) dans le contexte d’une chute des cours des matières premières et d’une baisse des exportations africaines. Les opportunités diminuant, le marché africain du BTP perd donc de son importance pour les entreprises chinoises.

Un autre facteur vient renforcer ce « désamour » pour l’Afrique, la volonté de plus en plus affirmée par la Chine de privilégier les contrats de type BOT, voire BOO, et les partenariats publics privés afin de limiter les recours à des financements chinois. De telles formules supposent une bonne santé financière et une stabilité politique avérée des pays. De ce point de vue, les pays africains ne sont certainement pas les mieux placés pour des raisons relatives tant à la conjoncture et qu’à leur gouvernance. Les entreprises chinoises devraient continuer à privilégier les contrats de type EPC assis sur des garanties souveraines négociées par le gouvernement chinois.

Notons qu’en 2016, l’investissement chinois en Afrique n’a été que de 2,4 milliards de dollars. En revanche, la valeur des contrats clés en main achevés a été 76 milliards de dollars, soit 32 fois supérieures à l’investissement. Il en est de même des importations africaines de marchandises d’une valeur pareillement égale à 76 milliards de dollars. L’Afrique est donc avant tout un marché important pour la Chine, mais non un partenaire immarcescible.


L'Afrique est les prestations chinoises clés en main (2003-2016)

 


Sources :