Croissance à contre-courant des investissements chinois à l'étranger
Le Quotidien du Peuple en ligne du 2 décmbre 2009
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La Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme a établi des chiffres qui indiquent qu'au cours des trois premiers trimestres de cette année, les entreprises chinoises ont procédé à l'étranger à des investissements dont le montant total s'élève à près de 33 milliards de dollars US, soit une augmentation de 1% environ par rapport à la période correspondante de l'année dernière. Taffere Tesfachew, un officiel de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement, a indiqué que la Chine est devenue la douzième des plus grands et plus importants pays investisseurs du monde et que ce soit dans les pays développés ou que ce soit dans la plupart des pays africains, on peut toujours remarquer la présence d'entreprises chinoises.

Venez investir chez nous.

Une centaine de pays, une vingtaine de séances promotionnelles d'investissement à l'échelle d'Etat et près d'une dizaine de milliers de projets d'investissement, tel est la situation de la première édition des « négociations sur la coopération et l'investissement de la Chine à l'extérieur » qui viennent d'être ouvertes. Pour tous les représentants d'appel de fonds et d'investissements, qu'ils viennent de l'Europe, de l'Amérique, de l'Afrique ou de l'Océanie, le sujet principal de leur conversation c'est le moyen d'attirer chez eux les capitaux chinois.

Le stand à thème « Venez investir aux Etats-Unis ! », de l'exposition organisée en marge des négociations, attire tous les regards et un fonctionnaire du Consulat général américain à Shanghai distribue aux visiteurs une brochure explicative et publicitaire dont la première page contient la phrase écrite en grandes lettres ‘Toutes nos félicitations à vous qui faites fortune', essayant par cette expression de bonnes vœux de gagner la sympathie des investisseurs potentiels et de réduire l'écart avec eux. En plus de cela, les Américains ont préparé à l'intention de ces derniers un catalogue entièrement en chinois contenant les noms des sociétés de service commercial susceptibles de les aider à faire ‘leur entrée aux Etats-Unis'. Des employés de Deloitte, l'un des quatre grands cabinets d'audit et de conseil (Big Four) avec PricewaterhouseCoopers, Ernst & Young et KPMG, ont même fait des préparatifs en vue de donner des consultations à tout moment.

Quant aux autres participants aux négociations, ils ont présenté chacun de son coté son désir de coopération : l'Office du Développement économique de la Région lyonnaise de France a exprimé son souhait que les capitaux chinois puissent accéder à divers domaines dont principalement les nouvelles énergies, la biologie, la pétrochimie et les énergies propres ; les Italiens ont proposé de leur côté la coopération dans le secteur de l'industrie mécanique ; les Suisses ont présenté leur idée de « taux d'intérêt bas dont le minimum sera de 12,6% pour les sociétés d'imposition normales » ; les Israéliens ont mis l'accent sur les high-techs, sur les idées innovatrices et sur les hommes de talent de haut niveau scientifique et technique ; les pays insulaires du Pacifique et les autres pays en voie de développement ont insisté sur l'abondance de leurs richesses naturelles pour attirer les investisseurs.

Diversification des investissements.

Dans la situation actuelle de la réévaluation du renminbi (monnaie chinoise), de la croissance toujours rapide de l'économie chinoise et de la concurrence de plus en plus violente et acharnée au sein des marchés intérieurs, l'investissement à l'étranger et l'extension des affaires extérieures sont devenus pour une partie des entreprises chinoises des choix indispensables qui pourront peut-être les aider à surmonter leurs difficultés. Les statistiques établies par la Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme montrent que de 2002 à 2008, le volume d'investissement extérieur annuel de ces dernières de près de 2,7 milliards s'est accru à plus de 56 milliards de dollars US, soit une croissance annuelle de 66%. Fin 2008, les investissements en stocks des entreprises à capitaux chinois ont atteint 184 milliards de dollars, ce qui fait que le volume global de leurs biens capitaux à l'étranger dépasse les mille milliards de dollars US.

Tout en devenant une force vive d'investissement, la Chine a consacré des efforts en vue de diversifier davantage et autant que possible les domaines, les sujets et les formes de ses investissements à l'étranger.

Les domaines de ses investissements, qui étaient centrés dans le passé sur le service commercial et sur la transformation de petite envergure, se sont étendus maintenant dans l'exploitation de ressources naturelles, dont principalement minière et énergétique, dans la production d'appareils électroménagers, de textiles et d'articles de l'industrie légère, dans la construction d'ouvrages d'infrastructure et dans la réalisations de projets high-techs.

Pour les sujets de ses investissements, les entreprises publiques et les sociétés d'Etat holding occupent toujours une place prédominante, mais la part occupées par celles-ci commence à diminuer, tandis que les entreprises privées et les autres sociétés par actions ont augmenté rapidement et dans de fortes proportions leurs investissements à l'extérieur. Calculé en tenant compte du nombre des entreprises qui investissent à l'étranger, en 2008, les entreprises à responsabilité limitée sont à la tête, alors que les entreprises publiques, dont la part a baissé de 3,6%, ont reculé à la deuxième place, et les entreprises privées viennent ensuite en occupant une part de 9,4%.

Pour ce qui est des formes d'investissement, elles ont été beaucoup assouplies et diversifiées. En dehors de la pratique traditionnelle du « Greenfield Investment », elles se sont étendues peu à peu à la fusion-acquisition, à la participation et à d'autres formes d'investissement beaucoup plus souples. L'année dernière, les entreprises chinoises ont réalisé à l'étranger des acquisitions et des fusions en investissant au total 30,2 milliards de dollars US, soit à peu près une augmentation de 380% par rapport à l'année précédente et représentant 54% du volume global des investissements extérieurs de toute l'année.

Dans le contexte où la consommation intérieure a des difficultés pour devenir dans un court délai la principale force motrice de la croissance économique chinoise. « La sortie du territoire national des entreprises chinoises constitue une tendance générale et irrésistible dans les années à venir, alors que l'ordre de l'investissement extérieur des entreprises chinoises sera lié étroitement avec la situation de la production excédentaire intérieure. », a indiqué Li Xiangyang, Directeur de l'Institut d'études sur l'Asie-Pacifique de l'Académie des Sciences sociales de Chine.

Les embarras du moment.

Yu Chongshen, un des responsables de la Société à responsabilité limitée d'investissement international Yueweihuan de Beijing, a déclaré à notre correspondant : « Nous désirons investir en France dans le domaine de l'alimentation et nous avons procédé à des essais dans ce sens. Mais, nous avons rencontré des difficultés. Par exemple, l'Union européenne a établi des tests extrêmement sévères et rigoureux quant à la qualité des denrées alimentaires destinées à l'exportation. »

Tout en aspirant à la découverte de ‘la valeur dépressive', par quel moyen trouver l'endroit, le domaine et l'organisme de service pour le quasi-investissement, comment connaître à fond les règles de jeu du lieu d'investissement et comment réaliser les profits des capitaux investis, ce sont là des problèmes qui intéressent fort les investisseurs. Mais les points faibles de ces derniers ce sont justement leur manque d'expériences en matière d'investissement à l'étranger, leur méconnaissance des marchés extérieurs, ainsi que les obstacles imposés par le protectionnisme commercial et les insuffisances de la plate-forme d'investissement. Tout cela constitue de graves et sérieux défis pour les investisseurs chinois qui désirent placer des capitaux à l'étranger.

« La chose la plus importante pour les entreprises chinoises qui souhaitent investir à l'étranger, c'est de savoir si le pays concerné peut oui ou non leur procurer un environnement d'investissement juste et équitable. », a indiqué Zhang Xiaoqi, ancien Directeur du Département d'études du commerce extérieur du Centre de recherches sur le développement du Conseil des Affaires d'Etat. Et d'ajouter « En raison de leur inexpérience dans l'investissement extérieur, les entreprises chinoises ont un grand et urgent besoin en matière de ressources humaines, d'information et de financement. »

Quant à He Maochun, Directeur du Centre d'études de la diplomatie économique de l'Université Qinghua, il a suggéré que les entreprises chinoises doivent se préparer activement à sortir du territoire national, agir avec prudence et avoir des idées stratégiques mûres et globales quant à la qualité et aux normes, au développement de leur marque de fabrique et à l'utilisation de capitaux étrangers.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne