Monsieur le Ministre, ne méprisez pas vos interlocuteurs.
Thierry Pairault

À Wang Yi 王毅, ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine

Dans un discours que vous avez prononcé le 3 janvier à Addis-Abeba, Monsieur le Ministre vous affirmez :

非洲债务是一个由来已久的历史遗留问题,并不是今天才出现,更不是由中方造成的。
La question de la dette de l'Afrique est ancienne, c’est un héritage historique qui ne date pas d’aujourd’hui ni ne procède de la Chine.
[http://www.chinanews.com/gn/2019/01...

C’est un raisonnement de cours de récréation : « c’est pas moi qu’a commencé ». Ce n’est pas parce que d’autres pays seraient à l’origine de l’endettement de l’Afrique, que cela peut le moins du monde légitimer a priori qu’un autre pays, quel qu’il soit, alourdisse encore cette dette. Au contraire, ça ne pourrait qu’aggraver sa responsabilité.

Le poids de la dette ne devient insupportable qu’à partir d’un certain seuil, et ce, quelle que soit la méthode de calcul de ce seuil, car c’est en termes de marge que cela doit être considéré. Les N premiers milliards d’euros de dettes peuvent être supportables, mais c’est le N plus unième milliard qui les rendra insupportables. Dans la conjoncture financière actuelle, il est plus que probable que ce milliard supplémentaire résultera d’un prêt chinois. Ergo, les accusations dont la Chine est victime.

Répondre à des commentaires sans doute légitimes, mais certainement aussi malintentionnés par des raisonnements tout à fait spécieux est vain. La seule réponse décente que vous puissiez, Monsieur le Ministre, donner (et par là même manifester que vous ne sous-estimez pas l’intelligence de vos interlocuteurs africains) est que vous comptez sur la pertinence des stratégies de développement des pays africains endettés pour prouver le bien-fondé de votre politique de prêt à leur égard.

Ces remarques faites, rappelons quelques faits bruts à travers ces deux illustrations :