Guinée, son endettement et les prêts chinois
Thierry Pairault


Les rapports officiels (Guinée, banque mondiale, FMI…) disponibles ne produisent pas de données statistiques claires pour évaluer l’impact des prêts chinois au Sénégal sur la structure de la dette extérieur du pays. Nous recensons uniquement ici les prêts notés par le FMI dans deux rapports sur la viabilité de la dette, l’un de novembre 2017, l’autre de janvier 2018.

La construction du barrage de Souapiti qui devrait doubler la capacité de production d'électricité de la Guinée et soutenir considérablement à l'économie, aura un impact non négligeable sur la dette de la Guinée. Le coût total du projet est estimé à 1,6 milliard de dollars (18,5% du PIB) et devrait être financé par une combinaison de capitaux propres (25%) et de dette (75%) sous la forme d’un prêt de 1,2 milliard de dollars américains (12,7 % du PIB) consenti par l’Exim Bank de Chine aux conditions du marché – ce qui n’exclut pas un élément-don de 29,7%. Les conditions du prêt sont les suivantes : prêt d'une durée de 20 ans avec un différé d'amortissement de 7 ans, un taux d'intérêt de 2 %, une commission d'engagement de 0,5% et une commission de gestion de 0,5 %. Les décaissements sont prévus au cours de la période 2017-2020, comme suit : 184 millions de dollars en 2017, 544 millions en 2018, 265 millions en 2019 et 180 millions en 2020.

Ce prêt sera ensuite transféré à une structure ad hoc, détenue conjointement par le gouvernement (51%) et la China International Water & Electricity Corporation (49 %), qui sera chargée d'en assurer le service (assurer le recouvrement des coûts de l'électricité et restructurer le service public d'électricité). Le gouvernement serait tenu de rembourser les arriérés si la structure n'était pas en mesure de le faire. Le prêt est considéré comme dans la dette extérieure publique et garantie par l'État.

Après l’emprunt pour financer le barrage de Souapiti, le gouvernement de Guinée envisage d'emprunter à l’Exim Bank de Chine aux conditions du marché un montant supplémentaire de 650 millions de dollars de prêts à décaisser en 2018-21. Ces prêts serviront à financer des travaux d'infrastructure prioritaires : réhabilitation de la route nationale RN1 et du réseau routier urbain de Conakry, construction d'une ligne d'interconnexion électrique et la réhabilitation d'une université.