Fact-checking ? Pas vraiment…
Thierry Pairault


Le site AfricaCheck , dont nous avons eu récemment l’occasion de vanter le travail, n’est pas toujours à la hauteur de son ambition. Ce site vient de publier le 29 janvier un article intitulé La Chine finance-t-elle les infrastructures en Afrique plus que la BAD, l’UE, la SFI, la Banque mondiale et le G8 réunis ? Nous sommes d’accord pour affirmer avec eux que oui, c’est bien le cas. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de publier les chiffres du Consortium pour les Infrastructures en Afrique (ICA ) qui le montraient pour 2017 (Monsieur le Ministre, ne méprisez pas vos interlocuteurs ). Je dis pour 2017, car, si le rapport de l’ICA Infrastructure Financing Trends in Afica – 2017, le montre pour cette année-là, en revanche, il semblerait que ce n’ait pas été le cas en 2016.

Toutefois, ce qui nous gêne dans cette tentative de fact-checking, est la méthode choisie pour démonter le propos. L’auteur nous pose une série de questions auxquelles il répond. Malheureusement, ces questions sont sans aucun rapport avec son questionnement initial : « Qui investit le plus en Afrique ? », « Pékin est-il en tête sur les IDE en Afrique ? », « Classement des pays investisseurs en Afrique »… Il y a ici une confusion entre le FINANCEMENT d'investissements AFRICAINS en infrastructure par des financeurs étrangers et les investissements étrangers (dont les chinois) en Afrique dans des secteurs sans rapport direct avec les infrastructures..

De surcroît, pour montrer que la Chine était bien le premier investisseur étranger en Afrique (ce qui n’était pas l’objet de ce fact-checking), l’auteur a oublié de fact-checker ses sources, en particulier The Africa Investment Report, publié par le Financial Times en 2017. Nous avons eu l’occasion à de multiples reprises de montrer l’inconsistance méthodologique de ce rapport qui confond « protocole d’accord » et « contrat », « financeur » et « investisseur », « investissement » et « prestations de services »… (voir À propos du "The Africa Investment Report 2017" [1] , [2] et [3] et La Chine en Afrique : un fournisseur de marchandises et un prestataire de services plutôt qu’un investisseur …). Aujourd’hui, nous notons que ce fort médiocre rapport ne semble plus disponible sur les sites du Financial Times depuis fin 2017 ou début 2018.

Bref, une démonstration inadéquate, hors de propos pour confirmer un fait qui n’avait pas besoin d’être avéré – du moins pour 2017 !

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