Cameroun-Chine: dette, approximation et fantaisie
Thierry Pairault

Je viens de lire un article paru dans The Diplomat daté du 16 juin 2021  dont le sous-titre affirme que « China is Cameroon’s largest creditor, with 61 percent of the African country’s external debt owed to Beijing ». Les données de la Banque mondiale accessibles en ligne semblent raconter une autre histoire. En 2019, la dette du Cameroun à l’égard de la Chine se serait élevée à 28% de l’encours TOTAL de la dette extérieure du pays, en revanche cette dette représenterait 66% de la dette extérieure BILATÉRALE à long terme. Les mots ont un sens. Jouer avec les mots aussi et peut tout autant signaler une certaine méconnaissance qu’une volonté politique que nous avons évoquée ailleurs.

Dans ce même article, l’auteur se risque à une autre affirmation à propos du port de Kribi : « The fact that the only two financers of the project are the Export-Import Bank of China and the Cameroonian government has also caused concerns that the port may need to be leased to China if Cameroon were to default on its debt, as occurred in the case of Hambantota in Sri Lanka ». Sauf erreur de ma part, le port est déjà concédé à deux entreprises françaises, Bolloré et CMA-CGM : il s’agit de deux entreprises sérieuses et expérimentées qui ne se sont certainement pas engagées à l’aveuglette. Pour répondre  au besoin chinois d’une certaine sécurisation, l’entreprise chinoise cvhargée de la constuction, la CHEC, a été associée à cette concession en même temps qu’un certain nombre d’investisseurs camerounais. De surcroît, il été mis en place une procédure d’entiercement garantissant dans l’ordre premièrement, le remboursement du prêt de l’ExIm Bank, deuxièmement, le paiement de la redevance au gouvernement camerounais et troisièmement, le versement de leurs bénéfices aux concessionnaires. Donc une situation en rien comparable à celle d’Hambantota. Nous avons décrit ce montage dans Kribi : Bolloré, CMA-CGM & CHEC .