À propos du "The Africa Investment Report 2017" [2]


Cette note est la suite de À propos du "The Africa Investment Report 2017" [1]

Dans ce rapport (p. 12)  il est également fait allusion à un investissement de la China Land Fortune Company (CLFD) de 20 milliards de dollars en Égypte afin mettre en œuvre la deuxième phase des travaux de la nouvelle capitale égyptienne (image ci-dessous). Il y a bien eu signature d’un accord-cadre à la mi-octobre 2016; il est donc assez illusoire de conclure à un flux d’investissement de ce montant dans les deux derniers mois de l’année 2016 et de comptabiliser cette somme comme investissement au titre de 2016. Notons également qu'il s'agirait d'un investissement dix fois supérieur à l'investissement direct chinois en Afrique tel que le calculent les services statistiques chinois, ce qui pour le moins aurait dû interpeller les rédacteurs du rapport.

Si on lit cet accord-cadre, on s’aperçoit qu’il n’est nullement fait allusion à l’évaluation des travaux à entreprendre (donc aucune allusion aux 20 milliards de dollars). Aussi cette affirmation de CNN « The China Fortune Land Development Company (CFLD) agreed to provide $20 billion » dans un article que l'on peut consulter ici , est d'autant plus étonnante que de surcroît les mots « provide $20 billion » sont liés à une référence égyptienne qui ne fait nullement allusion à cette somme  ! En revanche, il est précisé dans cet accord-cadre que

Cet accord cadre signifie seulement l’intention de coopérer des parties signataires, jette les bases pour qu’elles avancent dans la discussion, exprime leur accord pour poursuivre les négociations après la signature, d’entreprendre une étude des droits et devoirs des parties et du contenu des projets. […] Afin de parvenir à un accord définitif, China Fortune Land Development Company (Singapore) mènera une étude pour établir la négociabilité et la faisabilité du projet soit par ses propres moyens, soit en la sous-traitant. (voir 华夏幸福关于与阿拉伯埃及共和国住房部及投资部签署框架协议的公告 ).

Bref, par cet accord non contraignant, le gouvernement égyptien ne fait qu'accepter que la CFLD prenne à sa charge les études préalables. Également, nous apprenons donc que l’opérateur sera la filiale singapourienne de la CLFD, ce qui nous suggère qu’en définitive les fonds investis pourraient ne pas être d’origine chinoise et ce d’autant moins que le gouvernement chinois a encore décidé le 1er août 2017 de restreindre les investissements chinois à l’étranger en particulier dans l’immobilier (财政部详解“境外投资财务管理办法”,非国有企业参照执行 ).

En résumé, une somme dont le montant ne semble pas fixée, dont l’origine pourrait n'être pas chinoise et dont le transfert a d'autant moins eu lieu que rien n'est encore définitif... est-ce là un important investissement chinois en 2016 ?


Post-Scriptum : Dans un autre article du même mois d'octobre 2016, CNN dans un article intitulé Much ado about MOUs  décrit très exactement la même situation impliquant la CFLD mais aux Philippines. Toutefois, dans ce dernier cas, CNN a pris soin d'avérer ses informations.