Investissements en Afrique : Chine vs «partenaires traditionnels» [2]
Thierry Pairault

Une version actualisée est disponible  à Investissements en Afrique : La Chine et les « partenaires traditionnels »


J'ai publié sur ce site une première note sur ce thème (Investissements en Afrique : Chine vs «partenaires traditionnels» [1] ), dans cette nouvelle note j'actualise les données disponibles et trouve que les « partenaires traditionnels » n'ont pas abandonné l'Afrique – même s'ils l'ont exploité et sans aucun doute continuent de le faire. 

Une meilleure prise en compte par Eurostat des informations et une actualisation des données ne changent pas fondamentalement les conclusions antérieures, mais gomment certains aspects extravagants : tous les pays investissent peu en Afrique, y compris la Chine qui, précisément pour cette raison, a pu aisément rattraper et dépasser certains autres pays : stock chinois d'IDE supérieur d'un milliard d'euros au stock états-unien lui même supérieur de trois milliards d'euros à celui du Royaume-Uni, mais stock chinois inférieur de onze milliards d'euros à celui de la France qui réaffirme ici un rôle de primus inter pares – si nous exceptons le rôle des Pays-Bas qui résulte moins d'une stratégie des entreprises néerlandaises, que des petits accommodements que permet une réglementation fiscale complaisante à l'égard d'entreprises sans vergogne de toute origine (voir tableau 1).

Tableau 1. – Stock d'IDE en Afrique par pays (en milliards d'euros)

Source : Eurostat et MOFCOM

Toutefois, ce qui frappe le plus ici c'est le résultat d'une comparaison entre les IDE des « partenaires traditionnels » en Afrique et en Chine (voir tableau 2). En 2017, le stock d'investissements européens (28 pays) en Afrique aurait été une fois et demie supérieur à celui de ces mêmes pays en Chine; les stocks de la France et du Royaume-Uni en Afrique auraient été respectivement près de trois fois et trois fois et demie leur stock d'investissement en Chine. L'histoire seule n'explique pas cette situation, car avec le temps les investissements s'amortissent et la valeur du stock diminuerait si les investissements n'étaient pas sans cesse renouvelés et/ou les bénéfices réinvestis. Cela marche dans les deux sens, tant pour les pays qui investissent relativement plus en Afrique que pour ceux qui investissent relativement plus en Chine comme les États-Unis (le stock d'IDE en Afrique est de la moitié de son stock en Chine) ou le Japon (moins d'un dixième) (voir tableau 3). Si l'histoire et la géographie expliquent le tropisme africain de la France et du Royaume-Uni, elles expliquent également le tropisme chinois des États-Unis et du Japon. Mais les « partenaires traditionnels » n'ont pas abandonnés l'Afrique qui, en revanche, gagne un nouveau partenaire de poids.

Tableau 2. – Stock d'IDE en Chine par pays (en milliards d'euros)

Source : Eurostat

Tableau 3. – Stocks d'IDE comparés (en milliards d'euros)

Source : Eurostat