L’Europe refuse-t-elle vraiment d’investir en Afrique ? [2]

Nous poursuivons l'analyse de données statistiques d'Eurostat commencée dans L’Europe refuse-t-elle vraiment d’investir en Afrique ? [1] .


Nous avons essayé d’analyser l’investissement direct étranger en fonction de ces destinations africaines (tableau ci-dessous). De fait, trois pays (l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigéria) étaient en 2012 les principaux bénéficiaires de l’IDE venu du monde entier dont les stocks représentaient près de la moitié de l’IDE mondial en Afrique. Les stocks d’IDE de l'Union européenne à 28 dans ces trois pays sont même légèrement supérieurs. Les neuf pays retenus dans ce tableau représentent 77% de l’IDE mondial, 58% de l’IDE de l'Union européenne à 28 et 50% de l’IDE chinois en Afrique. Ces deux derniers chiffres expriment une large diffusion de l’IDE de l’Union européenne sur le continent (42% du stock mondial d’IDE en Afrique) ; il est plus difficile de tenir le même raisonnement concernant la Chine tant son stock d’IDE en Afrique est faible (3% du stock mondial d’IDE en Afrique).

Les comportements individuels des pays peuvent considérablement varier. Les États-Unis et la France privilégient l’Égypte et le Nigéria tandis que le Royaume-Uni privilégie l’Afrique du Sud et l’Égypte et que la Chine se focalise sur la seule Afrique du Sud. Viennent ensuite, dans l’ordre, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie. Ces trois destinations sont privilégiées par les IDE français ; le Maroc est aussi une cible favorite des IDE espagnols, belges et turcs. Quant à l’Algérie, les États-Unis, la Chine, la France et l’Allemagne en font aussi une cible de prédilection. Le Congo-Brazzaville est une destination de choix pour les IDE français et chinois tandis que les IDE allemands et états-uniens manifestent un grand intérêt pour la Libye.

La situation des stocks d’IDE 2012 indiquerait que vu la faiblesse des stocks d’IDE chinois en Afrique, il nous est difficile de conclure à une politique nationale d’investissement de grande ampleur en Afrique ; il est beaucoup plus vraisemblable que nous assistons à des stratégies d’entreprises qui s’internationalisent même si leur internationalisation peut éventuellement répondre dans le même temps à des objectifs nationaux comme la sécurisation des approvisionnements.